Parle-t-on de « vieux livres » ? Non. De « vieux tableaux » ? Non. De « vieilles pièces de théâtre » ? Non. Alors pourquoi parler de « vieux films » ? L’expression fait pourtant partie du langage courant. Elle est d’autant plus impropre que le cinéma est l’art qui a le moins vieilli depuis sa création, le seul ou presque ayant préservé ses ambitions figuratives quand l’art contemporain en a défiguré tant d’autres. Les classiques du cinéma ne sont pas vieux, c’est même à leur caractère pérenne qu’on les reconnaît. Ils sont une fenêtre vers le passé et l’expression du monde de l’artiste préservé dans les images. Est-ce un sujet qui mérite d’être discuté ? Peut-être pas si l’on considère que l’expression « vieux films » est parfois utilisée avec tendresse, faisant du cinéma classique un temple ancien mais solide où se reposer. Oui si l’on considère que l’expression « vieux films » semble confirmer, vu de loin, les préjugés qu’entretiennent à l’encontre des films classiques ceux qui ne les connaissent pas. L’expression n’est pas mauvaise « en soi », mais peut prêter le flanc à la critique ou au dédain à travers le regard de l’autre. L’utiliser, serait tendre le baton pour se faire battre, comme si le cinéphile s’excusait par avance de son goût pour des vieilleries, à l’instar d’un visiteur d’antiquaires. Par jeu, goût de la contradiction, ou prédilection pour les « blablas » de cinéphiles, énumérons quelques arguments faisant justice de l’expression :
C’est le spectateur qui vieillit et son regard avec lui, pas le film classique qui survit à tout. Parler de « vieux films » c’est, sans le vouloir, s’imaginer plus jeune que le cinéma, alors même qu’un cinéphile est souvent quelqu’un qui a grandi avec le cinéma.
A partir de quand un film deviendrait-il « vieux » ? Impossible à dire. A lire la presse, pire, à trop fréquenter certains réseaux sociaux, tout ce qui n’est pas au goût du jour, tout ce qui date du mois passé, n’est plus jeune et s’oublie. De là, l’idée du « vieux » qui serait alors ce qui est passé de mode. Or, la mode est par définition éphémère et jamais vérité. C’est la mode elle-même qui vieillit, non ce qu’elle voudrait faire passer pour ringard.
Un classique du cinéma est, entre autres, ce qui nous reste du passé. C’est donc ce qui a résisté au passage du temps, ce qui protège le passé de la disparition dans ce qu’il a de meilleur. Une mémoire ne vieillit pas. A la rigueur, elle peut changer, évoluer, parfois même dans un sens favorable. Et d’autre fois se tromper. Ce qui reste du passé ne peut vieillir puisqu’il se trouve fixé dans des images immuables retrouvées par le spectateur. Le cinéma classique n’est pas un temps perdu, ni du temps perdu.
On dit parfois d’un « vieux film » qu’il est « daté » et il faut alors entendre « gâté ». Certes, les moeurs ont changé, la société a changé, ce qui était auparavant toléré ne l’est plus et vice-versa. Mais les films classiques possèdent deux caractéristiques (parmi d’autres) : soit ils nous permettent de constater cette évolution ; soit si l’on songe aux fameux women’s movies des années 1940 à Hollywood où les rôles de femmes étaient si finement écrits, ils nous font réaliser par exemple que l’idée selon laquelle il n’y avait pas de rôles forts de femme par le passé est une idée fausse et que c’est parfois même le contraire. Certains classiques ne vieillissent pas justement parce qu’ils ont anticipé l’avenir ou décloisonné son chemin. Ils étaient déjà le présent, tel qu’espéré. Certains classiques, soi-disant « vieux films » , sont des « films présents ». Dans tous les cas, les films classiques, en plus d’être les instruments d’une réflexion sur le présent, nous font voyager. Et de tout voyage, nous revenons l’oeil neuf.
L’Histoire, en tant que science humaine, est un rapport au présent. Ce rapport permet d’éclairer ce dernier en éclairant le passé. Qu’il soit mélancolique, optimiste, fataliste ou prédictif, le classique du cinéma fait de même. Et parfois, c’est le présent, si complexe et gros d’aspirations contradictoires, qu’il nous fait voir déjà vieilli ou indigne des anciennes espérances.
Strum
J’aime les vieux classiques, bien souvent je les préfères aux contemporains…
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Et ce d’autant plus qu’un certain écrémage a retenu le meilleur du cinéma du temps passé.
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En effet…
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Pareil, dans les vieux classiques, les femmes restent admirablement coiffées-bouclées et maquillées après une nuit torride, disait je ne sais qui …. 🙂
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Un excellent argument en faveur des classiques en effet ! 🙂
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Bien dit mon cher vieux briscard des classiques ! Et c’est un presque vieux encore vert qui te le dit !
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Voilà, le cinéma est un art encore bien vert qui fait rester verts ses amateurs en particulier des films classiques !
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Jolie argumentation, Strum, que je salue avec respect et un peu de malice, compte tenu des quelques fois où tu m’as (justement) repris sur « vieux film », cette expression à tout le moins trompeuse…
Pour ma part, c’est avec le terme de « classique » que je prends des pincettes, puisque je l’assimile, à tort ou à raison, à l’idée d’une référence incontournable. J’avoue que, du coup, il m’arrive de le trouver un peu pédant dans l’expression de certains cinéphiles, comme s’ils se pensaient seuls détenteurs d’une vraie connaissance ou d’un vrai intérêt pour le cinéma « digne de ce nom ».
Je pense que tu l’as compris : quand je dis (encore) « vieux film », c’est le plus souvent avec une dose d’affection, à propos le plus souvent d’oeuvres créées avant ma naissance. Et quand je parle de thématiques « datées », c’est qu’elles ne me semblent plus correspondre aux sujets de notre époque. Mais 1) il m’arrive de me tromper et 2) il est rare que je les trouve moins intéressantes pour cette seule raison.
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Merci Martin. Je ne crois pas que, dans leur majorité, ceux qui parlent de films classiques le font par pédanterie. C’est surtout une catégorie d’un âge du cinéma, comme on parle de littérature classique ou d’art classique. Il y a d’ailleurs des classiques qu’on peut juger décevants et qui ne sont pas à la hauteur de leur réputation. Certains considèrent certes que l’âge classique du cinéma est celui de son âge d’or, et j’en fais partie je pense, mais c’est un autre sujet. Et sinon, oui, nous en avions parlé, même si je ne pensais pas à toi en particulier en écrivant car je sais que tu as de l’affection pour le terme. 🙂
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Bonjour Strum,
J’emploie peu l’expression « vieux films » car je lui préfère amplement celle de « films de patrimoine ». Ensuite, parmi ces « films de patrimoine », il y a ceux qui ont été oubliés à juste titre et d’autres qui pourront, un jour peut-être, grâce à une restauration, une rétrospective, etc., accéder au rang des « Classiques du cinéma ». Et, une fois élevé à ce rang ultime l’heureux élu y reste définitivement.
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Bonjour InCiné, en effet il y a aussi ce terme de film de patrimoine, que je n’aime personnellement pas beaucoup, car il a un côté defensif, comme s’il fallait systématiquement prouver que les films relèvent d’un patrimoine artistique. On a l’impression que cela crée une catégorie de films à part, ce qui ne devrait pas être le cas, et la plus-value par rapport à « vieux film » ne m’apparait pas évidente. Quant au rang de classique, je ne crois pas que les films y restent indéfiniment (l’appréciation critique varie selon les décennies). En tout état de cause, j’emploie pour ma part le terme cinéma classique dans un sens large.
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Il y a d’autres médiums qui « vieillisses » en réalité : la chanson, la télévision et la bandes dessinées, l’architecture. On entend dire « vieux tube », « vieille émission », « veille album », « vieux bâtiment »… Après, un livre n’est rarement considéré comme « vieux » que parce qu’il a été réécrit en réalité… réécrit en français moderne. Lire Montaigne dans le texte c’est loin d’être évident et agréable. Surtout un livre est toujours imprimé de la même façon : qu’il ait été écrit par Baudelaire ou Marc Lévy. Hors le cinéma étant un art technique il vieillit d’une façon plus évidente. Sans parler du fait que les classiques de la littératures sont placés dans un panthéon imaginaire, donc par delà le temps. On peut difficilement dire que les premiers courts métrages de Griffith n’ont pas pris un coup de vieux : dans leur apparence ou dans leur écriture cinématographique. Pour moi il n’y a pas de vieux films et de films contemporains, il y de bons et de mauvais films, et les bons sont tous vieux : )
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Certes, mais Montaigne, ce n’est pas de la littérature. Or, on ne réécrit pas les classiques de la littérature (on peut en faire des versions abrégés pour les enfants), et on ne les appelle pas « vieux livres » pour autant. Je ne pensais pas aux premiers courts métrages de Griffith en écrivant mon article, plutôt aux décennies 1930 à 1970 où la grammaire cinématographique ressemble encore énormément à celle d’aujourd’hui – par rapport aux autres arts, le cinéma est celui qui vieillit le moins. Et oui, il y a des bons et des mauvais films, mais c’est vrai aussi bien pour le cinéma classique (même si on y compte plus de chefs-d’oeuvre) que pour le cinéma moderne.
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Que Montaigne ne soit pas de la littérature, ça reste hautement discutable. Mais j’aurai pu prendre Rabelais pour exemple, ou des textes en langues anciennes, comme le corpus de la Bible. Traduit par Chouraqui, en donnant libre court aux archaïsmes, la traduction permet de mesurer le décalage entre notre langage et celui du passé. Aussi le français moderne est relativement stable, hors la grammaire cinématographique a beaucoup évoluée en 100 ans, de ses balbutiements (qui la ramène aux balbutiements du langages, donc à un passé archaïque) à aujourd’hui. Tu parles des années 30, mais l’arrivé du parlant avait justement à l’époque rendu les films bien plus statiques qu’auparavant. On ne peut plus comparer le cinéma « d’autrefois » avec celui d’aujourd’hui – qui est à la recherche de sensationnel, avec un nombre plus conséquent de plans : le sens n’est plus prioritaire et ça change la donne.On peut encore écrire un livre avec une plume d’oie sans rien retrancher à la qualité d’un texte. mais les multiples tests effectués sur des dvds prouvent que l’image à besoin d’un rendu matériel; contrairement au texte littéraire qui ne perd jamais en qualité.
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Je pense au contraire qu’on peut encore et qu’on doit comparer un film d’aujourd’hui aux films d’autrefois. Bien sûr, je vois ce que tu veux dire quand tu dis que les blockbusters d’aujourd’hui recherchent d’abord les sensations à coups d’effets spéciaux virtuels, mais à mon avis la grammaire du récit cinématographique a en réalité peu évolué. La langue française elle s’est vraiment stabilisée à l’âge classique (XVIIe siècle qui est aussi celui où la littérature a commencé à prendre sa forme moderne), après il y a eu peu de changement. Avant bien sûr, le français était différent (même si de toute façon Montaigne c’est plus proche de la philosophie que de la littérature pour moi).
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… et encore pardon pour les fautes de français moderne
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Rien à pardonner, c’est à cause de cette fonction « éditer » manquante !
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J’aime beaucoup ton post Strum mais je ne suis pas aussi attristé que toi.
D’abord tu dis « le cinéma est l’art qui a le moins vieilli depuis sa création », et pour cause parce que c’est l’art dont la création est la plus tardive. C’est quoi le théâtre classique : celui de Molière et de Shakespeare. La musique classique ? Le gros du contingent au XVIIIème siècle et XIXème siècle, la littérature classique ? Cela ne va guère plus loin que le XIXème siècle. Evidemment l’échelle de temps quand on parle de cinéma et des autres formes d’art n’est pas la même.
Et en fin de compte, c’est quoi un « vieux film » ? A mon humble avis, dans l’imaginaire collectif c’est une film en noir et blanc. Est ce que Lawrence d’Arabie est considéré comme un « vieux film » ? Je ne crois pas.
Je ne me formalise pas trop sur l’usage des termes, Ce qui m’attriste un peu, c’est le manque d’appétence des gens pour aller voir des films qui ne viennent pas de sortir (i.e. qu’on a une chance de voir à la télé ou en streaming) au cinéma. C’est triste car l’expérience de la salle obscure offre un plus indéniable selon moi.
Il y a quelques semaines, j’ai emmené une amie à l’équivalaent de la cinémathèque voir His girl Friday (La dame du vendredi, Howard Hawks, 1940), elle n’avais jamais entendu parler du film et elle a été assez soufflée, et pour cause, c’est un « classique », disons même un chef d’oeuvre.
Que les cinéphiles comme nous se fassent les apôtres des « vieux films » ou des « films classiques », au choix ! C’est toujours mieux que de prêcher pour d’autres trucs moins intéressant.
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C’est sûr qu’il y a peu de gens intéressés par le cinéma classique. Mais c’est normal, c’est une question d’exposition et de temps. Mais tout cela ne me rend pas « triste ». 🙂 Les noms que l’on donne aux choses m’ont toujours intéressé et je me pose souvent la question de savoir si une chose est correctement nommée d’où ces quelques mots sur le sujet. Le cinéma est un art jeune, certes, mais il vieillit peu et il conserve les figures et les récits que l’art contemporain ou abstrait prétend détruire.
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bonsoir Strum. Je vous suggère un autre sujet de réflexion..pour une autre fois.
Qu’est-ce qu’un « vrai » navet ?
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Ah, ce sujet je vous laisse le cultiver, je préfère parler des films que j’aime que des navets.
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Le Navet est une plante herbacée de la famille des Brassicacées… désolé : )
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Et je vous raconte pas, s’il s’agit d’un « vieux navet » 😉
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Je rappellerai toujours une lettre de Man Ray à une amie, considérant La Mort aux trousses comme un navet!
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En gros, ce n’était pas son dada.
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Merci de cette anecdote que je ne connaissais pas mais sans doute si on creuse un peu on s’apercevra que des réalisateurs consacrés, reconnus ont un jour commis un navet..le tout est de s’entendre sur le terme, c’est comme tout, comme les « vieux films »…A ce sujet l’accélération du temps dans notre société fait que les films sont vieux de plus en plus vite. Pour beaucoup, un film est un objet de consommation, rien de plus. Sitôt vu, sitôt oublié, jeté..vieux.. donc tout film qui a plus d’un an d’existence peut-être considéré comme un vieux film…En tous les cas, autour de moi, pour les non-cinéphiles, un vieux film est avant tout un film en noir et blanc..
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« Autant en emporte le vent » et « le magicien d’Oz » ne seraient donc pas considérés comme des « vieux films » ? Ce postulat me paraît bien incohérent une fois de plus.
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Tous les « vieux » films ne sont pas des classiques. Et réciproquement.
Mais à partir de quel délai un film devient il vieux, ancien ?
Et un film récent peut il être un classique ?
Est ce que Dirty dancing (j’ai jamais tenu jusqu’au bout) est un classique parce que des millions de gens se pament devant ?
Je m’embrouille moi-même avec tes questions existentielles.
Mais La mort aux Trousses un navet… j’ai bien ri, merci.
Je trouve quand même que certains films vieillissent vite mal sans pour autant dater d’avant guerre et certains films d’avant guerre sont incroyablement modernes (ex. Merrily we go To hell- 1932, tu connais ? 🤣).
Quant aux femmes oui elles avaient des rôles sublimes et les hommes étaient au second plan. Sans chercher longuement me viennent à l’esprit 2 films avec une de mes actrices préférées Gene Tierney (Mrs Muir et son fantôme et Péché Mortel… Et un 3eme où elle n’apparaît que 20 mn et vampirise le film, Laura).
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Merrily we go to hell, oui, j’en ai entendu parler. 😀 Oui, tous les vieux films ne sont pas des classiques au sens restrictif du terme et certains semblent « vieillir » plus vite que d’autres, mais ils viennent d’une période du cinéma qu’on peut considérer comme classique. Cela dit, tout ça est un peu schématique bien sûr. Je n’ai fait qu’initier une discussion sans la borner. C’est l’avantage des « questions existentielles » : elles n’ont pas de réponse satisfaisante.
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Oui mais elle tourneboule le cerveau 🙂
Pour Merrily… tu connais vraiment des gens épatants !
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ElleS… au plurio (comme disait ma maman).
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Ne pourrait-on pas employer plutôt le terme de « film ancien » plutôt que « vieux film ». On peut, à juste titre, considérer qu’il y a des livres anciens, ou des tableaux anciens. Et puis l’ancien, en matière d’antiquités, revêt un côté prisé qui conviendrait bien à ces œuvres d’antan. Reste à dater l’ancien, je suis bien d’accord. D’ailleurs je souscris complètement à chaque virgule de ton article. Moi j’aime les « vieux films » et les « jeunes films », pourvu que je les trouve bons.
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Il y a même des films de vieux… avec des vieux ou tournés par des vieux. C’est de plus en plus plus dingue.
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« Films anciens » pourquoi pas, même si je préfère « films classiques ». Mais chacun doit être à l’aise avec les termes qu’il emploie c’est sûr et me concernant il m’est arrivé plus d’une fois de dire « vieux film » bien sûr. Il n’est pas inutile cependant de réfléchir aux connotations des termes en question. Et comme tu dis, le plus important c’est la distinction entre bons et mauvais films.
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Le terme « classique » est sans doute aussi à nuancer car il recouvre le plus souvent des films dits « vieux » (ou « anciens ») de référence. Or tout film ancien n’est pas forcément un classique à mes yeux.
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En effet, je reconnais ce défaut du terme que je contourne un peu rapidement en me disant que ce sont des films appartenant à la période classique du cinéma.
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Pour le Grand Siècle, les classiques étaient les auteurs ou artistes qui respectaient les règles « rationnelles » hérités des arts de l’Antiquité gréco-latine (étudié en classe), dans lesquels l’homme imitaient les dieux à leur propre mesure… Ainsi les artistes du Moyen-âge n’étaient pas des classiques, et les romantiques, qu’ils aient été conservateurs ou révolutionnaires, ont beaucoup puisé aux sources de l’art populaire, et aux récits épiques du passé.
Aussi on a pris l’habitude de désigner par classiques, ceux qui perpétuaient un canon « traditionnel », des formes qui ne se démodaient pas, et qui toujours s’actualisent. Donc on considère volontiers que Pierrot le fou de 1965 est un film moderne, car il se joue des codes du cinéma « traditionnel » (Godard ne cherche plus à respecter les raccords etc) alors que le dernier film de Clint Eastwood, qui nous ait contemporain, est un film « classique », parce qu’il perpétue des codes « traditionnels », qui se perpétueront après lui…. J’avais comme envie de compliquer le débat.
Aussi je rajouterai que « vieux » n’est pas un terme péjoratif pour moi, même si je suis toujours choqué lorsque j’entends une jeune personne me dire, comme récemment, qu’un film des années 2000, est un vieux film. En fait pour certaines personnes, non cinéphiles, la culture est générationnelle – ce sont avant tout des consommateurs (ça n’a rien de péjoratif, seulement ils recherchent du plaisir à travers la culture), et les goûts de l’époque changent (même si la forme non), donc le film qui correspond à la jeunesse du grand frère et du papa, c’est déjà un « vieux film ».
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Tu as tout à fait raison concernant ton analyse du terme classique que je partage. Stricto sensu, Ford est un cinéaste classique, pas Godard. Cela fait un moment que j’aimerais écrire un article sur ce sujet des formes au cinéma (classique, baroque, expressionniste, etc.), que j’appellerais « familles du cinéma » ou quelque chose comme ça, mais cela me demanderait un peu de temps et je ne cesse de le remettre à plus tard. Pour revenir au sujet de mon texte initial, je n’y faisais pas preuve d’une rigueur sémantique particulière en utilisant le mot classique, c’était surtout quelques mots pour ouvrir sans le fermer le débat en m’interrogeant à haute voix sur cette expression de « vieux film » que j’utilise parfois moi-même et dont on ne retrouve pas l’équivalent en littérature quand on parle d’un roman. Quant à l’aspect générationnel, pour aller dans ton sens, Truffaut parlait bien de « cinéma de papa » (pour régler quelques comptes aussi sans doute).
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J’aime beaucoup ce papier sur les films classiques, et je lis beaucoup de bonnes choses dans les commentaires. Il y a souvent des débats entre cinéphiles sur les vieux films et les classiques (les deux étant souvent confondus !), une sorte de complexe qui ressort pour ceux qui n’en auraient pas assez vu (mais on ne peut pas tout voir de toute façon) et qui nous sortent cet argument « de toute façon on en fait des caisses avec les classiques / vieux films » (éliminez ou cochez la bonne case). Mais on en a besoin de ces classiques pour lire et appréhender les films d’aujourd’hui et j’ai l’impression que beaucoup de jeunes cinéphiles ont du mal à comprendre ce lien intrinsèque qui lie notre passé et le présent.
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Merci Tina. Il faut parfois savoir faire preuve de pédagogie et de patience, voire de roublardise, pour faire aimer les films classiques en effets.
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Quel sujet intéressant qui mériterait d’être dans les écoles de cinéma !!!
Personnellement je regarde très souvent des VIEUX films N&B en V.O (vive les chaînes ciné) dont certains me sont complètement inconnus et je découvre à chaque fois des subtilités que je ne retrouve pas dans les films actuels. Je me suis intéressée à ces films dès l’âge de 14/15 ans parce que ce visuel me permettait de me concentrer d’avantage sur l’évolution des personnages ou du scénario (et là, pas besoin de grands effets spéciaux pour susciter des émotions!)
Il est évident de dire que l’évolution du Cinéma fait partie intégrante de l’évolution de nos sociétés. Par-contre là ou ça pêche, c’est que dans nos sociétés occidentales actuelles être vieux est devenu péjoratif (voire même dégradant) et faire un un parallèle serait une grossière erreur!
Alors OUI il y a de vieux films comme il existe de vieilles personnes, c’est simplement la chronologie de la vie…
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Bonjour et merci ideyvonne. J’ai été initié aux films classiques dès 8 ou 9 ans je pense, et j’ai grandi avec eux en parallèle de ma découverte du cinéma sur grand écran. C’est une bonne chose de les découvrir tôt. Il me semble cependant que les films ne sont justement pas comme les « vieilles personnes ». Nous vieillissons mais pas les grands classiques comme je le dis dans l’article.
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Maître Yoda te dit : de la sagesse dans les vieilles personnes pourtant il y a !
Cependant, quand 900 ans comme moi tu auras, moins en forme tu seras. 🙂
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Que nenni ! Le cinéma, la forme donne à tout âge, même aux plus anciens. 🙂
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Très bonne et intéressante réflexion !
La difficulté rencontrée dans l’analyse de ce « phénomène » et de l’emploi du qualificatif « vieux » apposé à côté du mot « film » est à mon avis en effet due à la récence du septième art. Aussi « vieux » puissent paraître ses plus anciens représentants, il continue de se chercher et, bien que l’on cherche à le codifier, beaucoup reste à faire encore et de nombreux sentiers n’ont pas été parcourus.
Notre rapport au cinéma demeure très personnel. J’ai souvent parlé avec des personnes qui regardent des films seulement de temps en temps et qui pourront qualifier de « vieux » un film datant des années 80, voire début 90.
Un amalgame a tendance à se faire entre le « classique » et le « vieux film », ce qui fait que beaucoup de spectateurs peu ou pas avertis ne s’y intéresseront pas, car le qualificatif rapporte à la désuétude alors que, justement, ils sont souvent intemporels.
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Merci. Tu es plus optimiste que moi car j’ai tendance à penser que le cinéma a déjà connu son âge d’or et que peu reste à faire finalement. Mais en effet, notre rapport au cinéma est très personnel.
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