Once upon a time… in Hollywood de Quentin Tarantino : cinéma alternatif

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Once upon a time… in Hollywood (2019) est une visite guidée dans le Hollywood de 1969, celui des séries, des stars vieillissantes et solitaires, des fêtes hollywoodiennes, des plateaux de studio et des caravanes, des hippies vivant à la marge. La reconstitution, qui ne manque ni de panache, ni de savoir-faire, est enluminée par les belles couleurs de la photographie du chef opérateur Robert Richardson. On prend plaisir à reconnaitre tel hommage (par exemple, à Sergio Leone, dont on reconnait plusieurs plans), tel clin d’oeil (aux propres films de Tarantino), tandis que servent de fils conducteurs, d’un côté, les journées de l’acteur de série B Rick Dalton (Leonardo Di Caprio) qu’accompagne comme son ombre son cascadeur et homme à tout faire Cliff Booth (Brad Pitt), et de l’autre Sharon Tate (Margot Robbie), insouciante et lumineuse femme de Roman Polanski.

Dans ce cadre clinquant et rutilant, nostalgique et par instant semi-comique, où le montage s’accorde au rythme d’une bande son entraînante mêlant le Deep Purple de Hush et Maurice Jarre, Tarantino règle comme de coutume ses comptes. Avec une mauvaise foi caractéristique quand il s’en prend à Bruce Lee, ridiculisé dans une scène grotesque où Cliff Booth l’humilie, Tarantino voyant chez l’un un héros de guerre ayant tué des hommes de ses propres mains, chez l’autre un combattant de pacotille arrogant et inefficace, tout juste propre à donner des leçon de Kung-fu à Sharon Tate, représentation fausse et injuste comme le sait quiconque s’est tant soit peu intéressé à Bruce Lee. Quand il est ignorant de quelque chose, Tarantino l’assène fièrement, et d’autant plus inutilement, que cette scène, lorsqu’elle surgit dans la narration, entrave la fluidité d’un récit jusque-là habilement minuté. Rick Dalton a plus de chance, qui incarne dans la série Bounty Law (inspirée d’Au nom de la loi avec Steve McQueen) et dans des films de séries B, des tireurs d’élite ou des méchants inflexibles, à mille lieux de sa personnalité au civil, puisqu’il est dépressif et dépourvu d’assurance, pris entre les feux croisés de la concurrence que se livrent en 1969 cinéma et télévision où le premier n’est pas assuré de remporter la victoire – Tarantino, un amateur de séries, ne les départage pas ; d’ailleurs, prétend Schwarz (Al Pacino), la  vie du « vrai » cinéma est maintenant prolongée en Italie, hors les murs d’Hollywood, où Dalton ira jouer dans quelques westerns « spaghetti ». Le cinéaste a pour cet acteur déjà finissant toutes les indulgences (observant tendrement l’écart entre réalité et cinéma quand il le dénonce s’agissant de Bruce Lee) et Di Caprio parvient à tirer parti de son jeu grimaçant pour faire de Dalton une figure convaincante et pathétique. Mais c’est surtout pour Cliff Booth que Tarantino a des yeux de chimène. Personnage ambigu (il est soupçonné d’avoir assassiné sa femme), d’une irréprochable fidélité à Dalton auquel il rend mille services, il incarne une figure inflexible et respectueuse de la loi, assurant, à l’ombre des studios, dans l’envers des décors, le maintien de l’ordre sans demander son reste. En somme, il est lui-même un personnage héroïque (de série B et un peu de l’ancien Hollywood, mûr pour être remisé dans le grenier du cinéma), il est dans la sous-réalité du film ce que Dalton ne parvient pas à incarner, doublure qui vaut mieux que la star, justicier mutique et solitaire, et Brad Pitt lui donne vie avec beaucoup de prestance et de charisme. Tarantino passe de la fiction au réel, et vice-versa, les relie sans s’embarrasser des frontières, à l’instar des mouvements de grue de sa caméra reliant le devant de la scène et les décors à l’arrière-plan.

Rendre justice, réparer fictivement les torts de la réalité, c’est l’ambition que Tarantino a assigné à son cinéma depuis plusieurs films, avec une particularité qui en fait autre chose qu’un simple cinéma de vengeance. Selon une perspective post-moderne, au nom de laquelle la vérité est tenue pour négligeable (dont la rhétorique trumpienne des « faits alternatifs » est un avatar), le réalisateur ne s’embarrasse pas des faits historiques. Fort de son amour du cinéma d’exploitation qui a bercé son enfance et son adolescence, il en détourne les armes et les figures pour les diriger contre ce qui lui déplait dans la réalité, dans une démarche qu’il estime cathartique et proclamant, au moins le temps du film, la supériorité des images sur la réalité. C’est que le rapport de Tarantino avec la réalité est particulier, si l’on en juge par certaines de ses déclarations, que ce soit lorsqu’il proclame de façon absurde que John Ford était raciste parce qu’il l’a vu simple figurant en membre du Klu Klux Klan dans une scène de Naissance d’une nation de Griffith (Tarantino oubliant allègrement les multiples films anti-racistes de Ford) ou lorsqu’il souligne la dimension cinématographique et partant selon lui moins effroyable de l’attentat du World Trade Center du 11 septembre 2001. A chaque fois, c’est comme si, pour lui, l’image précédait la réalité, au point de contester son monopole de représentation. Ainsi, Tarantino peut orchestrer la vengeance uchronique d’un commando juif contre Hitler et Goebbels en pleine seconde guerre mondiale dans Inglourious Basterds, filmer l’affranchissement sanglant d’esclaves en 1858 au Texas dans Django Unchained ou imaginer que Sharon Tate ne fut pas tuée par des membres de la Manson Family en 1969 comme ici. A chaque fois, le cinéma venge la réalité (du moins celle que Tarantino se représente), venge les victimes (du moins celles que Tarantino élit), par une sorte de feu purificateur qui consume l’écran et les méchants (ici, les hippies, dont le mouvement est uniquement représenté par la secte mansonienne).

Dans Once upon a time… in Hollywood, l’instrument de la justice est à nouveau une victime de la réalité, vengeant les autres en son nom et pour leur compte, puisque le personnage de Cliff est inspiré (notamment) de Donald Shea, un cascadeur hollywoodien qui travailla au Spahn’s Movie Ranch, lieu de tournage de certaines séries où Charles Manson et ses fidèles avaient trouvé refuge, Manson payant ses loyers en nature par les coucheries des jeunes femmes qu’il tenait sous sa férule sectaire. Dans la réalité, Donald Shea fut assassiné avant qu’il puisse dénoncer la secte à la police (après une première tentative), dans le film, Tarantino fait en sorte que Cliff, alter ego de Shea à l’écran, prenne les choses en main lors du sanglant carnage final, irregardable par sa violence, mais qui se veut semi-comique, où Tarantino entend comme à l’accoutumée faire du spectateur le complice, mi-riant, mi écoeuré, de son goût de la violence cinématographique. En se vengeant d’outre-tombe, Donald Shea sauve fictivement et indirectement Sharon Tate, la vengeance, la violence, étant pour le cinéaste les auxiliaires indispensables de sa vision séculaire de la justice – oeil pour oeil, dent pour dent, l’injonction biblique devant être entendue dans un sens littéral pour Tarantino, chez lequel on perd ses yeux, ses dents. C’est une violence qui n’est pas exercée par les institutions, par les organes qui en ont légitimement le monopole, mais par un cascadeur inconnu à la marge du système, symbolisant la marge du cinéma qu’affectionne Tarantino et dont lui et d’autres ont fait un centre, un de ces anonymes sur les fondations desquelles l’ancienne Hollywood fut bâti et auxquels le cinéaste rend hommage. Peu lui importe l’impact de la violence dans la réalité sur ceux qui l’exercent et les sentiments des personnes ayant eu à subir ou à souffrir des véritables tueries perpétrées par la Manson Family, Polanski en tête.

Ce film dont le charme ambivalent mais indéniable atteste qu’il est une belle réussite, dans les limites de son ambition, c’est l’uchronie (on préférera ce mot à celui impropre de « révisionnisme » qui désigne autre chose) d’un temps hollywoodien qui n’aurait jamais expiré, d’un soleil du cinéma qui ne se serait jamais couché et brillerait toujours au zénith de sa prétendue innocence. C’est cette innocence qu’incarne Sharon Tate dans le film, innocente de sa beauté, innocente de ses amitiés dans l’entourage de son mari, innocente de son amour candide pour le cinéma et pour elle-même (ainsi, quand elle se voit jouer dans un film – Margot Robbie regardant la véritable Sharon Tate, doublement ressuscitée, dans un singulier et transparent jeu de miroirs). Les hippies, Manson, n’auraient été qu’un mauvais rêve et tout pourrait continuer comme avant, Rick et Cliff pourraient même rester amis, l’ancien et le nouveau oeuvrer de concert, car un justicier a fait son oeuvre, dont la violence serait elle aussi soi-disant innocente (une cigarette à l’acide aidant), le hasard ayant changé son fusil d’épaule et décidé que les apprentis assassins se tromperaient de maison.

Le meurtre de Sharon Tate par la Manson Family fut un point de bascule après lequel Hollywood se réveilla groggy et désabusée, craintive et délivrée du mirage hippie, prête à s’armer face à l’extérieur, à se renfermer tout en prenant conscience de soi via le Nouvel Hollywood. Tarantino prétend effacer ce point sur la frise chronologique de la réalité pour empêcher la bascule et maquille son geste sous les atours d’un conte (Il était une fois … dit le titre, hommage à Leone autant qu’annonce programmatique), lequel requiert de fermer les yeux, de mettre des oeillères, de rester en enfance, de s’immerger dans ce cinéma de sensations qui s’affirme innocent de tout ce qu’il a à offrir, de tout ce qu’il dénie. Mais le conte a ses zones d’ombres. Cliff est-il vraiment innocent du meurtre de sa femme ? L’innocence d’Hollywood avant Manson a-t-elle jamais existé ? Non, évidemment, la complexité, les nuances de la réalité, ont toujours été de toutes les époques, et l’ancien Hollywood ou le Hollywood transitoire du film est idéalisé ; le cinéma ne peut vaincre la réalité, ni la violence prétendre à l’innocence, elle appartient au réel quand bien même Tarantino la voudrait dé-réalisée dans ses films. Par l’usage systématique qu’il en fait, il appartient au symptôme. Par la dimension excessive, grand-guignol, qu’il lui octroie, il parasite toute purgation, toute catharsis, et la violence relancée, recyclée, continue sans fin, dans la réalité comme sur l’écran. Il veut croire dans ce rêve beau et un peu vain que sa vision de l’Hollywood d’antan ne s’est jamais arrêtée, survit quelque part, voudrait peut-être vivre dans un autre temps, mais par son cinéma alternatif, si talentueux soit-il, il est bien un cinéaste du temps présent.

Strum

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41 commentaires pour Once upon a time… in Hollywood de Quentin Tarantino : cinéma alternatif

  1. Vincent dit :

    Bien beau texte avec lequel je suis d’accord en gros, moins dans les détails 🙂
    Comme je vais essayer d’écrire dessus (moi aussi !) je prendrais juste un exemple qui montre comment, pour moi, chacun a pu appliquer sa grille de lecture : Bruce Lee. Je ne l’ai pas perçu de façon aussi brutale que vous. Pour moi, et comme vous l’écrivez, Tarantino filme l’image de Lee, celle de ses personnages à l’écran, pas la personne. Cette scène, c’est le cascadeur du cinéma américain traditionnel qui, en 69, est confronté à une nouvelle forme de savoir faire qui va le balayer. Normal que ça fasse des étincelles, d’autant qu’ils sont interrompus par Zoé Bell, réelle cascadeuse moderne. Mais je ne trouve pas, ici comme dans d’autres scènes, de le personnage de Pitt soit si « héroïque ». Il est tout aussi arrogant que Lee. Je le vois plutôt incarner les contradiction d’une génération qui est en train de passer la main. Ce que je regrette, c’est que Tarantino n’ai pas montré avant l’entrainement avec Tate qui aurait modifié la façon de percevoir Lee, et puis quel besoin d’aller chercher un personnage réel pour ce qu’il voulait exprimer au risque d’être maladroit et de donner le bâton pour se faire battre 🙂

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    • Strum dit :

      Merci Vincent. 🙂 Bien sûr, chacun va appliquer sa grille de lecture ou sa façon de voir les choses et d’ailleurs, par ses multiples références à la réalité, le film somme le spectateur de le faire. Cela étant, j’ai trouvé la scène avec Bruce Lee d’une mauvaise foi et d’une fausseté incroyables. Elle m’a fait complètement sortir du film alors que j’y étais bien rentré. C’est une scène aussi gratuite que bête et méchante. Et je pense que l’image que Bruce Lee donne de lui dans ses films est fort différente de ce qu’en montre Tarantino.

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      • stemortimore dit :

        Désolé de vous contredire mais Lee était bien arrogant, égotique et orgueilleux comme décrit dans le film, il suffit de lire ce qu’en disent ses copains et même sa femme, ça ne retire rien au fait que c’était un artiste martial hors pair ni le fait que QT en fut un fervent admirateur comme le montre par exemple Kill Bill. je vois ce film comme celui d’une certaine maturité, celui d’un homme de 50 ans passé qui nous explique qu’au cinéma tout est possible et hélas qu’au cinéma. Le fait est que Tarantino ne se fait sans doute plus les illusions de sa jeunesse quand on croit que son art peut changer les choses, hélas il ne fera jamais revenir Tate. Mais c’est un regard assez coupant qu’il porte finalement sur une industrie qui consomme du comédien et du technicien comme du bretzel et aujourd’hui cette industrie n’a plus le même souffle porté par une Europe comme celle de l’époque d’un Léone.

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        • Strum dit :

          Lee avait sûrement plein de défauts. Mais le film le tourne en ridicule avec une joie mauvaise. On peut trouver que c’est un procédé qui ne grandit pas Tarantino, dont on connaît les jugements pas toujours nuancés. Qu’il ait rendu hommage au costume de Lee dans Le Jeu de la mort dans Kill Bill ne change rien à l’affaire. Mais Once upon a time… a des qualités.

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  2. princecranoir dit :

    Bravo pour ce texte très juste, qui explore chaque recoin de ce film ample et tortueux, comme peut l’être la personnalité du sorcier de la Family ou celle d’un cascadeur fictif d’inspiration réelle. Dans sa démarche de réenchantement du réel, Tarantino s’empare des mythologies hollywoodiennes, en explore les zones d’ombres (Booth a-t-il tué sa femme, comme Fritz Lang la sienne ?) , en exhibe les non-dits. La fiction avec lui a tous les droits, y compris celui, comme tu l’as très bien écrit, celui de réparer le réel et de s’arranger avec la vérité, de donner son avis. Il n’aime pas Ford et le tourne en ridicule dans une scene de « Django unchained ». Il moque le caractère arrogant d’un petit dragon qui ne se rêvait alors qu’en frelon vert, mais il ne nie en rien l’aura du fier combattant du « jeu de la mort » pour en avoir emprunté l’habit au profit de son héroïne vengeresse. C’est son droit forcément criticable mais incontestable.

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    • princecranoir dit :

      Ce qui est sûr c’est que Booth a tué Lincoln, et pas que dans une fiction signée… Griffith.

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    • Strum dit :

      Merci princecranoir. J’aime trop Ford pour que nous puissions nous entendre Tarantino et moi, et je ne pense pas que la fiction ait tous les droits, ni le talent. Bien sûr, ça reste son droit de se moquer de Ford dans Django ou de Bruce Lee dans Once upon a time… et le mien de trouver cela puéril et fait aux dépens de ses films. Il fait allusion au passé de Booth, mais je n’ai pas trouvé qu’il explorait beaucoup les « zones d’ombre » d’Hollywood, ce qui n’est pas un mal en soi certes. Globalement, j’ai quand même trouvé ça bien malgré mes réserves.

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    • Strum dit :

      Et en ce qui concerne sa démarche de « réenchantement du réel », comme discuté chez toi, selon moi, le réenchantement ne peut fonctionner puisqu’il repose sur une violence qui contamine tout ce qu’elle touche, y compris ce qui vient après, et dont le caractère excessif, irregardable, empêche (chez moi en tout cas) la catharsis.

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  3. J.R. dit :

    « Di Caprio parvient à tirer parti de son jeu grimaçant pour faire de Dalton une figure convaincante et pathétique »
    Toi aussi tu as remarqué ses petites lèvres pincées, ses rictus répétitifs, et son regard figé. Depuis que j’ai remarqué qu’il grimaçait dans Les Infiltrés, je ne vois plus que ça, comme le morceau de feuille de salade entre les dents d’une belle femme. Il n’aura pas à attendre 46 ans pour qu’on se moque de lui dans un film réalisé par un avatar de Tarantino, pardon QT – ça fait davantage voiture de sport.
    Une question.. j’ai pas vraiment compris de quoi les crimes de Manson étaient censés marquer la fin. De l’utopie hippie, certainement, juste après l’apogée de Woodstock, mais il me semble que les hippies n’ont pas la préférence de Tarantino, qui est nostalgique de quoi en definitive ?… des films de Steve Mc Queen, de la saga Matt Helm, et de Modesty Blaise…j’ai entendu dire de la liberté sexuel, alors que les gens n’ont jamais autant b….. qu’aujourd’hui. Certes à Hollywood on fumait, on buvait du martini et on b….. mais c’était la réalité d’un petit groupe de happy few. En vérité QT c’est un peu le Michel Sardou d’outre atlantique, il va bientôt nous dire qu’en 1969 on pouvait fumer dans les bar, acheter son paquet pour moins d’un dollar, qu’on pouvait boire bourré et conduire sans ceinture, et surtout pincer les fesses de l’ouvreuse… c’est une nostalgie que je peux entendre, mais Manson ne marque pas la fin de ça. Donc ma question : De quoi Tarantino est-il nostalgique ? De quoi Manson marque-t-il la fin ?
    PS : Certes dans Django il se moque sans doute de Ford, mais en reprenant l’une de ses propres blagues, car c’est Ford qui le premier dit avoir joué un membre du KKK, en ajoutant « celui avec les lunettes » (une excellente plaisanterie). Mais dans Kill Bill, QT ne rend-t-il pas un hommage à L’Aigle vole au Soleil, lors de la scène des orteils. Vu ses références il doit penser que John Wayne est un fasciste, Ford un ringard, et que la lumière est apparue le jour où au cinéma on a pu dire « fuck » à la place de « Holy Moses ».

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    • Strum dit :

      Oui, Di Caprio, ce n’est pas mon idée d’un grand acteur, trop grimaçant à mon goût, même s’il faut reconnaitre qu’il est bien ici. Pour le reste, je pense que la liberté sexuelle en 1969 par rapport à aujourd’hui, du moins dans certains milieux, n’est pas un mythe. Et de quoi Tarantino est-il nostalgique exactement ? Peut-être d’une vision idéalisée d’Hollywood datant de sa jeunesse, mais je ne m’aventurerais pas à te répondre, d’autres qui le connaissent mieux que moi le pourront peut-être, sachant que la cohérence ne me parait pas être sa plus grande qualité.

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      • J.R. dit :

        Autre excentricité de QT, il a inscrit en 2013 La Grande Évasion de John Struges comme l’un de ses 12 films préférés – il classe aussi Si tu crois fillette… (1971) de Roger Vadim : )
        Pour ce que je pense des listes, désormais… J’ai moi-même des goûts qui ne ferai pas du tout l’unanimité. En revanche ce matin j’ai essayé de regarder Mandingo de Richard Fleisher, et j’ignorai à quel point il avait « imité » ce film, jusque dans la texture de l’image. Django, le titre, n’est pas qu’une reprise de celui du héros de western spaghetti – car son film n’a pas chose à voir avec celui de Corbucci finalement – , je crois qu’il est davantage une rime phonétique : Mandingo/Django.
        Sans discuter des qualités intrinsèques du film de Fleischer, ou de son réalisme, j’ai du arrêter le visionnage après que James Manson pose ses pieds sur un tout jeune esclave pour qu’il chasse ses rhumatismes… c’est trop cru pour moi, trop « violent » moralement pour que je puisse encaisser pendant 2h20. Tarantino n’est pas ma tasse de thé.
        PS : Tu as sans raison pour 69, mais si on s’en tient à toutes les franges de la société, il n’y a jamais eu autant de pornographie à la porté d’un clic, la rapidité avec laquelle une personne peut trouver un/une « partenaire » n’a jamais été aussi performante, et les jeunes filles de provinces en 1969, ne portaient pas des minis shorts, ne faisaient pas de topless, et ne collectionnaient pas les flirts – comme disaient les pauvres gens de l’époque. Et surtout il n’y avait pas de boîtes échangistes dans les petites villes de provinces. Il faudrait avoir l’avis d’un sociologue avisé sur la question ; )

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        • Strum dit :

          Je n’ai pas encore vu Mandingo, mais je te crois sur parole quand tu dis que Django lui doit beaucoup. Tarantino ne s’est jamais caché de beaucoup s’inspirer des films qu’il a aimés, y compris en reprenant des plans, des séquences entières. Son unique source d’inspiration, son unique réalité, c’est encore et toujours le cinéma. Sinon, tu as raison quant à l’accès à la pornographie, même si c’est une pornographie par l’image, virtuelle,

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    • Merci JR pour exprimer clairement ce que personellement je pense tout bas (et qu’il n’est pas bon de dire dans les salons car cela va à l’encontre de l’opinion communément admise). Di Carpio n’est pas – à mon avis – un bon acteur. Il est désormais cantonné à des rôles de roquet avec son fameux rictus qui ne peut s’exprimer que en hurlant pour asseoir son autorité (voir Django, Le loup de Wall Street …). Ce n’est pas suffisant et cela commence personellement à me lasser.

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  4. cabot dit :

    bonsoir Strum. Trés beau texte, un des plus pertinents que j’aie lu sur cet opus de Tarantino qui divise. La scène où il se moque de Bruce Lee est peut-être amusante, quoi que, mais son intention est surtout trés puérile. QT se conduit comme un adolescent qui s’amuse, par bouderie, fâcherie, à se moquer du monde. Je ne connais pas suffisamment le personnage de Bruce Lee, et je ne suis pas du tout un fan, mais je trouve cela très facile, voire mesquin. Et comme il est roublard le QT, il embarque le spectateur avec lui et çà je n’aime pas trop. Pour ma part, je trouve que Brad Pitt tire davantage son épingle du jeu que Di Caprio. Avis personnel. Pour le reste, le film est trop long et il ne se passe pas grand chose, en réalité. Le fait qu’il venge symboliquement Sharon Tate de la future tragédie qui l’attend ou que celle-ci ne se produira pas puisqu’il a éliminé les principaux protagonistes (Sadie, Tex) qui sont les auteurs réels du massacre, ne me gêne pas. Mais si maintenant chacun refait l’histoire à sa convenance, ce qui peut s’entendre dans une comédie pourquoi pas, jusqu’où ira-t-on ? Quant à Django, pour répondre à J.R.la référence en la matière est bien le Mandingo de Fleischer, film insoutenable et qui est bien l’anti-Mandingo. Là aussi, QT venge l’histoire mais ce n’est que du divertissement, du spectacle.

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    • Strum dit :

      Bonsoir et merci. Je suis d’accord pour Brad Pitt, il est parfait en Cliff, mais les grimaces de Di Caprio fonctionnent bien aussi dans la mesure où il incarne un acteur pas très subtil (comme son jeu). Le cinéma de Tarantino c’est du spectacle, mais il faut reconnaitre qu’il le met en scène avec un certain talent, avec une certaine obstination.

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  5. Salut Strum

    Je suis beaucoup beaucoup moins élogieux que toi sur ce film et sur ce qu’est en train de devenir le cinéma de Tarantino en général. Un hommage au Hollywood des années 70 ??? Moi je pense que c’est plutôt un hommage au mec qui fait un hommage au Hollywood des années 70 (i.e. un hommage à Quentin Tarantino), un film nombriliste, « regardez comme je sais bien reprendre John Ford, regardez comme je sais bien reprendre Sergio Leone …  » sans qu’aucun de ses plans ne dégage le dixième de l’émotion de ceux de Ford et de Leone.

    Si on veut rendre hommage à un certain cinéma, on se fait modeste, on commence par faire quelque chose comme le très beau, très sobre Hommage au cinéma français de Tavernier, mais on ne tourne pas en grand-guignol le massacre de Sharon Tate.

    Alors si ce n’est pas un hommage, c’est quoi ? Eh bien, simplement un film de Tarantino, avec toujours les mêmes gimmicks : le passage tellement délirant qu’il en est drôle (Madonna speech dans Reservoir Dogs, Burger speech dans Pulp fiction, scène du Ku Klux Klan dans Django, scène avec Bruce Lee ici), le principe des deux histoires qui se déroulent et ne se retrouvent que à la fin de manière fortuite (pareil dans Pulp fiction ou Inglorious basterds : pourquoi ne pas faire deux films ?), c’est du réchauffé et comme le casting n’est vraiment pas terrible (je n’aime pas Di Carpio, Margot Robbie est nulle, il n’y as que Brad Pitt que j’ai trouvé personellement très bon), eh bien je me suis ennuyé à cent sous de l’heure pendant ces interminables 2h42.

    Comme tu le vois, je suis assez remonté contre le film 🙂

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    • Strum dit :

      Hello ecrannoir. Je ne suis pas sûr d’être si élogieux que cela même si en effet j’ai trouvé que plusieurs séquences étaient réussies et que le film était riche de plusieurs sujets. En tout cas, je fais part des réserves que j’ai sur le film, comme sur tous les Tarantino. Il est normal de réagir vivement devant un Tarantino je trouve puisque lui-même recherche cette réaction par ses provocations. 🙂 S’agissant de Di Caprio, je n’aime pas son jeu grimaçant mais je trouve qu’il fonctionne bien ici justement parce qu’il joue un acteur de seconde zone.

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    • J.R. dit :

      Je dois dire que je n’ai pas vu ce film pour être sincère.
      Mais l’engouement que je constate pour le cinéma de Tarantino m’étonne : un cinéma que je crois aussi lové totalement sur lui-même, et qui ne raconte plus rien, une mise en abîme infinie… ça fait un moment que les séquences balisées cultes (une tare du cinéma de Scorsese également) me font c…. que les soliloques interminables qui ne racontent rien, aussi. Le cinéma comme objet fétiche pour moi c’est de la régression, et Tarantino est juste un individu puéril, et si j’étais freudien j’ajouterais même qu’il est resté scotché au stade anal…

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  6. 2flicsamiami dit :

    Tarantino échafaude un grand détournement, construit une autre légende hollywoodienne, hors du temps, hors du réel (la scène faisant intervenir Bruce Lee, critiqué parce que salissant la légende, alors qu’elle n’est qu’un fantasme total de Cliff Booth et de Tarantino). Ta critique touche véritablement du doigt tout ce qu’est ce 9e film de Tarantino, pas le meilleur, mais l’un des plus passionnants à étudier.

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    • Strum dit :

      Merci Miami ! S’agissant de la scène avec Bruce Lee, c’est plus un fantasme de Tarantino lui-même puisque Cliff Booth/Brad Pitt himself lui a demandé, gêné, de freiner ses ardeurs alors que telle qu’envisagée initialement, Booth devait mettre une véritacle raclée à Lee. Mais c’est un film sur lequel il y a beaucoup à dire c’est sûr.

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  7. Ping : Les coulisses de Tinseltown (Once upon a time… in Hollywood, Quentin Tarantino) – Pamolico : critiques, cinéma et littérature

  8. Benjamin dit :

    Je fais partie de ceux qui ont été amusé par la scène concernant Bruce Lee. Je rejoints plutôt l’avis de Vincent sur le coup mais, bien sûr, je n’ai rien à redire sur ton ressenti. Et n’y avait-il pas une forme d’hommage à Bruce Lee dans Kill Bill avec la réutilisation par l’héroïne au katana de la fameuse combinaison de cuir jaune ? Comme il a été dit au-dessus, Tarantino fait l’adolescent de temps à autre et je ne crois pas qu’il ait de la rancœur à l’égard de Bruce Lee, son personnage sert seulement bien malgré lui à revaloriser d’une certaine manière les cascadeurs oubliés.

    Sinon, je suis tellement d’accord avec toi pour préférer « uchronie » à « révisionnisme »… C’est à mes yeux une vraie maladresse des commentateurs que ce terme. J’aime beaucoup aussi la métaphore que tu fais quand tu parles d’un soleil de cinéma que Tarantino a cherché a figé au zénith. De là à parler d’un film solaire, je ne suis pas certain que tu valides l’expression, mais j’ai trouvé qu’il y avait de ça avec Once upon a time.

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    • Strum dit :

      Un film solaire, ma foi, il y a de cela dans la photographie de Robert Richardson quand Tarantino filme énamouré son héros Cliff Booth au volant de sa cadillac (enfin, celle de Dalton). Moins dans les séquences de tabassage des hippies. 🙂 Ok pour l’hommage à la combinaison de Lee dans Kill Bill. Mais dans Once upon… il n’y a pas d’hommage du tout, juste un règlement de compte gratuit parce que Tarantino avait depuis lu des déclarations de Lee qu’il jugeait arrogantes.

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  9. J.R. dit :

    J’ai vu le film hier soir, je n’ai rien à ajouter de très intéressant. J’ai plutôt passé un bon moment jusqu’au dernier quart d’heure. Je m’étais surpris à penser : « Sympa! un Tarantino sans trop de violence ». Dernièrement j’ai découvert Jackie Brown et j’ai été assez choqué de la façon dont Tarantino banalise le meurtre. ici il laisse envisager que son héros le plus positif ait pu assassiner sa propre femme, parce qu’elle était casse-pieds. Ce n’est pas anodin tout ça, la façon dont De Niro se débarrasse de Briget Fonda, dans Jackie Brown, avant de se faire à son tour trucidé sans sommation. C’est de l’esthétisme, me retoqueront les amateurs du cinéaste… et c’est justement ce qui me cause problème.
    Pour revenir à ce film, Tarantino donne surtout l’impression de se faire plaisir. Par exemple, lorsque Di Caprio tourne le western, on fait semblant de croire que les séquences du film sont réalisées en continu, et non plan par plan. Si c’était possible il ne faudrait qu’une semaine pour réaliser un film. On l’accepte. Et tout est comme ça, tout se passe dans la tête de Tarantino. Le problème c’est que le film ne dit pas grand chose, l’évolution psychologique des personnages est anecdotique. Il peut se passer n’importe quoi : « Tiens j’ai envie de voir Brad Pitt marcher sur un toit et s’allumer un clope torse nu… on y a va ».
    Qui est le zozo qui incarne Polanski ?… certes, il s’habillait réellement comme ça, mais lorsqu’il danse au Manoir Playboy j’ai cru voir qu’on l’avait confondu avec Austin Power. Par contre, celui qui joue Steeve Mc Queen est parfait, mais il semblerait que ce rôle n’existe que parce que Tarantino a rencontré un jour le sosie de Steeve Mc Queen. Il lui a dit : « Génial! Tu ressemble trop à Steve Mc Queen, qu’est que tu fais demain… »

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  10. Valfabert dit :

    Vivement un remake sans lance-flammes et avec le sens du tragique !
    L’affaire de Cielo Drive constitue un bon sujet, qui mérite mieux, je trouve, que le côté clinquant et claquant du cinéma, certes talentueux, de Tarantino. Clins d’oeil et références sont ici préférés à une véritable recherche d’originalité dans le propos.
    Les choix musicaux sont un des atouts du film. A ce propos, on peut se demander si, dans une histoire se déroulant à L. A. en 1969, priver le public du moindre extrait d’une chanson des Doors n’est pas une marque de sadisme tarantinien…

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    • Strum dit :

      En effet, pas de Doors ! C’est son côté iconoclaste. Le sujet est scabreux quand même, pas sûr d’avoir envie de voir un remake, même sans lance-flamme. Ca ferait un bon slogan : « Tarantino, le cinéma au lance-flamme ».

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  11. florence Régis-Oussadi dit :

    Tarantino est effectivement un justicier, pas seulement vis à vis des minorités auxquelles il offre des « revenge movies » mais aussi vis à vis d’acteurs oubliés ou qui n’avaient jamais eu droit au premier plan. De ce point de vue mon film préféré de lui est « Jackie Brown » notamment à cause de tous les dialogues mélancoliques entre Pam Grier/Robert Forster où on sent qu’ils vont bien au-delà de leurs personnages. Il n’en reste pas moins que la violence de certains de ses films est un calvaire, je me souviens être sortie malade à crever du premier volet de « Kill Bill » et avoir regardé le deuxième avec la main devant mes yeux une partie du temps. Enfin je rejoins ce qui a été dit sur Leonardo Di Caprio. Il était plutôt bon dans sa jeunesse mais ensuite son jeu s’est figé. Ce n’est effectivement pas un problème pour « Once upon a time in Hollywood » heureusement mais je ne comprends pas son succès. Il en va de même d’ailleurs pour d’autres acteurs tout aussi monolithiques dans leur jeu comme Ryan Gosling qui semble porter un masque sur le visage. A l’inverse des acteurs dont on ressent la richesse intérieure à leur jeu sensible et subtil n’ont pas droit à la reconnaissance qu’ils mériteraient. Mais Tarantino le justicier corrigera peut-être ça dans ses futurs films. ^^.

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  12. florence Régis-Oussadi dit :

    Oui hélas, c’est dommage car c’est vraiment ce qui me bloque chez ce cinéaste qui par ailleurs a de grandes qualités, une vraie sensibilité. Je n’ai jamais pu revoir « Kill Bill » par exemple. Et j’ai le même problème avec « Old Boy » de Park Chan-Wook sur lequel je bloque aussi, me demandant si ça vaut le coup de tenter l’aventure sachant déjà qu’il y a dedans des scènes que je ne pourrai pas regarder. Votre avis (que j’ai lu) ne m’a d’ailleurs guère rassurée. Je vais peut-être me rabattre sur « Mademoiselle » même s’il a l’air malsain.

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    • Strum dit :

      Quelle horreur Old Boy. 🙂 C’est encore pire que Tarantino. Bien que curieux et raisonnablement éclectique, je suis arrivé à un point de ma cinéphilie où je sais ce que je recherche au cinéma, et je sais ce que je n’aime pas et pourquoi. Je ne ressens plus le besoin de me justifier ou de me faire du mal par curiosité ou parce qu’un film ou un réalisateur est bien considéré. On peut avoir des préférences et c’est très bien comme cela.

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  15. Valfabert dit :

    La violence outrancière des films de Tarentino a quelque chose de puéril. On s’en rend compte notamment en la comparant à la violence déployée chez Argento, dont Tarentino revendique l’influence. « Once upon a time » contient une citation au moins de « Profondo rosso », me semble-t-il, et on peut voir là que le même type de séquence violente procède d’intentions tout-à-fait différentes selon qu’il s’agit de l’un ou de l’autre cinéaste.

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    • Strum dit :

      C’est en tout cas un cinéma qu’on ne peut pas appréhender sans s’interroger sur cette fixette de Tarantino sur ces images violentes qui proviennent autant de sa culture cinéphilique nourrie aux films de séries B et Z que de sa vision de la résolution des conflits.

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      • Valfabert dit :

        Tarantino perçoit sans doute le giallo d’une manière assez sommaire. On a un peu l’impression qu’il passe à côté de l’intention esthétique d’Argento, lequel a une culture qui n’est pas seulement cinéphilique, en ce qui le concerne.

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