La rétrospective Eric Rohmer à la Cinémathèque s’est ouverte et finira le 11 février. On pourrait définir son cinéma ainsi : des films qui sonnent comme du mauvais théâtre les premières minutes avant que l’on ne s’habitue à leur musique particulière ; un discours sur les sentiments et l’amour en fait de progression narrative ; une chute au récit qui lui tient lieu de morale. Rohmer, ancien professeur de philosophie, ancien critique, a poursuivi au cinéma une vieille tradition littéraire française, celle de moraliste, en filmant le plus simplement du monde des jeunes gens dialoguant, raisonnant à voix haute, flirtant avec insouciance.
Ses récits ont d’ailleurs ce mérite de ne dévoiler leur jeu qu’assez tardivement, une fois que les intrigues amoureuses menées par les personnages, ou auxquels ils sont mêlés, ont fait voir leurs filets et leurs vues. Car ses films dont on pourrait croire qu’ils se ressemblent tous sont au fond assez différents par leur histoire, et, ce qui les différencie, les raisons pour lesquelles on s’en souvient, en bien ou en mal, tiennent pour beaucoup au pouvoir de séduction de leurs héroïnes, des héroïnes souvent frondeuses ou attendant quelque révélation ou rencontre de la vie, décidant de leur destin ou voulant y croire, face à des hommes velléitaires, troublés, oublieux, incertains de leur place. Chez Rohmer, les femmes, le plus souvent des jeunes filles, ont confiance dans la vie, les hommes ne sont capables que de faire des paris selon le modèle donné par Pascal dans ses Pensées.
Mais si l’on devait ne retenir qu’une morale de toute son oeuvre, ce serait sans doute celle-ci, qui illustre Ma Nuit chez Maud, La Femme de l’aviateur aussi bien que Conte d’été, Conte d’automne ou Conte d’hiver : il faut cueillir la fleur quand elle est éclose. A la fraiche simplicité de cette morale fait écho le charme discret mais certain de nombre de ses films. On trouvera le programme de la rétrospective ici.
Strum
« des films qui sonnent comme du mauvais théâtre les premières minutes avant que l’on ne s’habitue à leur musique particulière » – ou pas…
J’aimeAimé par 1 personne
L’anglaise et le Duc aura une saveur toute particulière cette année… un film prémonitoire😉
J’aimeJ’aime
A voir, on ne connait pas encore la fin de l’histoire en cours. 😉
J’aimeJ’aime
Éric Rohmer est mort
Et moi J’EN VEUX PLUS
De ses amoureux
Dans les trains de banlieue
De la fumée des cigarettes
De la jeune fille en mobylette
Des garçons qui parlent trop haut
Au musée Picasso ….. 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Eric Rohmer est mort
Et moi j’en veux encore… 🙂
J’aimeJ’aime
Je dois bien reconnaître que sur ce coup, je suis d’accord.
Mort ou vif, non merci.
Et surtout NON à la pire actrice de tous les temps : M.R.
J’aimeAimé par 1 personne
Ah Marie Rivière, qu’est-ce qu’elle est irritante dans Le Rayon vert et La Femme de l’aviateur. 🙂 Pourtant dans Conte d’automne, le vilain petit coeur est devenu cygne : elle y est très bien.
J’aimeJ’aime
Je rajouterais à ta liste conclusive L’Amour l’après-midi, Le Rayon vert et L’Ami de mon amie parmi les meilleurs de Rohmer (en particulier le dernier, que j’adore de plus en plus chaque fois que je le revois).
Je suis un immense fan de Rohmer, alors que je partais avec un a priori très négatif au départ (la mauvaise réputation de Rohmer est tenace, comme tu l’exposes au début de ton billet).
Si tu comptes participer à la rétrospective, profites-en pour nous gratifier de quelques billets sur ces jolis films 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’aime beaucoup L’ami de mon amie, mais pas Le Rayon vert, un des Rohmer que j’ai rejetés. J’aurais bien aimé participer à la rétrospective et écrire quelques billets mais faute de temps, je ne vais pas pouvoir malheureusement.
J’aimeJ’aime
C’est vrai que Rohmer est un peu le Max Pécas du riche, que ses bourgeois bon-teint sont irritants, comme sont irritants les militants socialistes des films de Tavernier. Rohmer c’est le libéralisme sans publicités, sans pauvres, entre-soi… « qu’ est-ce qu’on est bien : on reprends un verre, ou on lit un poème… et si on lisait un poème en reprenant un verre. Ah oui, t’as raison… en même temps! »
J’aimeJ’aime
En même temps ( 🙂 ), ses protagonistes sont loin d’être tous des bourgeois. On trouve de tout, beaucoup plus que dans bien des films d’aujourd’hui. Dans Conte d’hiver, par exemple, l’héroïne est une coiffeuse. Et politiquement, Rohmer était loin d’être un libéral, même s’il ne faisait pas de politique dans ses films (au contraire de Tavernier dans certains des siens). C’est juste que la question de l’argent, de comment gagner sa vie, n’avait pas l’air de l’intéresser beaucoup. Le politique n’est de toute façon pas l’alpha et l’oméga du cinéma.
J’aimeAimé par 1 personne
Conte d’été reste l’un de mes films préférés. Les caractères de ses personnages sont étudiés avec minutie et les dialogues sont très subtils. Les autres Rohmer que j’ai vus m’ont sûrement moins plu mais il reste toujours des études de caractères intéressantes …
J’aimeJ’aime
J’aime bien Conté d’été également. Il y a souvent une étude de caractère intéressante dans ses films en effet. Le tout est de trouver un caractère qui nous intéresse dans ses films car il y en a d’irritants.
J’aimeAimé par 1 personne
C’est vrai, certains sont un peu trop sûrs d’eux ou arrogants.
J’aimeJ’aime
Conte d’été est aussi mon Rohmer préféré, le dilemme auquel est confronté Melvil Poupaud est assez captivant et prétexte à des discussions sans fin.
Sinon j’aime aussi Ma nuit chez Maud et Perceval le gallois dont je trouve les dialogues réécrits par Rohmer magnifiques.
Et aussi, j’aime beaucoup les films marivaldiens, L’amie de mon amie et Conte d’automne.
Sinon, parfaitement d’accord avec le post de Strum, c’est charmant, plaisant, rien à voir avec Max Pecas, mais je ne le porte pas non plus au pinacle comme certains
J’aimeAimé par 1 personne
J’aimerais bien voir Perceval. Conte d’ete et Conte d’automne sont très bien en effet.
J’aimeJ’aime
Au portrait dressé ici de Rohmer, j’ajouterai qu’il est le cinéaste des déambulations, des déplacements à but déterminé ou à errance multiple, où l’on tourne en rond tout en touchant au but (Perceval) ou l’on touche au but tout en adoptant une stratégie de repli (L’amour l’après-midi), où l’on pratique jamais las les allers-retours centres-périphéries (urbaines et sentimentales). Et je dois dire que je me laisse aisément porter par toutes ces promenades (pas seulement bourgeoises, pas uniquement galantes) et puis l’important, on le sait, n’est pas le but à atteindre mais le chemin parcouru.
J’aimeJ’aime
Oui, il y a de cela aussi en effet, c’est juste.
J’aimeJ’aime
Question : de quel film est tiré cette belle image que tu as trouvé là pour ton article ?
J’aimeJ’aime
C’est Haydée Politoff dans la collectionneuse.
J’aimeJ’aime
Autre question : est-il possible de s’accorder avec le pari de Pascal tout en voulant cueillir la fleur éclose ? N’est-ce pas vouloir le beurre et tout ce qui accompagne habituellement cette métaphore ?
J’aimeJ’aime
Oui, parce que chez Rohmer, les hommes sont souvent du côté du pari tandis que les femmes sont souvent du côté de la « raison du coeur » (toujours Pascal, mais une autre de ses pensées) plus promptes à cueillir la fleur. Evidemment, c’es un peu schématique, il faudrait regarder film par film.
J’aimeAimé par 1 personne