The Strangers (The Wailing) de Na Hong-jin : horreurs et démons en Corée du Sud

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Le cinéma d’horreur, genre codifié, a essaimé plusieurs courants au cours des décennies passées, notamment dans le cinéma asiatique : film de fantômes, de zombies, d’exorcisme aux références religieuses, slasher avec serial killer, etc. Ce sont ces différents courants du cinéma d’horreur que le cinéaste sud-coréen Na Hong-jin a réuni dans The Strangers (2016), en les mélangeant à certaines vieilles croyances populaires coréennes, et en s’inspirant également de L’Exorciste (1973) de William Friedkin. Il en résulte un film d’horreur qui fait peur, très peur même, mais dont l’horizon et l’envergure me semblent plus limités que ce que laissent augurer certains critiques enthousiastes. En termes d’originalité, de profondeur, de palette d’émotions et de mélange des genres (mélange des genres pourtant vanté par les mêmes critiques à l’endroit du film), nous restons ici assez loin des grands films de Bong Joon-ho du début des années 2000 : Memories of Murder (2003) et The Host (2006). Bong Joon-ho inventait un univers cinématographique qui n’appartenait qu’à lui quand Na Hong-jin explore un territoire davantage connu et balisé.

The Strangers est l’histoire d’un village sud-coréen qui tombe sous l’emprise d’un démon envoûtant un à un ses habitants. Au terme de cet envoûtement, la victime possédée, prise de folie et recouverte de pustules, se met à massacrer les membres de sa famille. Le policier Kwak Do-won, empoté et facilement impressionnable, se retrouve au coeur de l’enquête que mène, impuissante, la police locale sur ces meurtres terrifiants. La rumeur désigne un coupable tout trouvé, un pêcheur japonais qui vit en ermite dans la montagne. C’est que l’occupation de la Corée par le Japon de 1910 à 1945  a contribué, avec sa cohorte d’horreurs, à faire de la figure du japonais un méchant idéal dans certains contes coréens. Alors que les meurtres se multiplient, et qu’une mystérieuse femme en blanc apparaît à Kwak Do-won, une sorte de démon aux yeux rouges est aperçu dans la montagne, qui pourrait bien être ce même japonais. Bientôt, la propre fille du policier tombe malade. Désespéré, il fait appel à un chaman (Hwang Jeong-min) pour exorciser le démon qui s’est emparé de l’enfant.

Le titre international (The Wailing) fait référence aux pleurs et aux cris des hommes et des femmes pleurant leurs morts, dans une ambiance d’hystérie collective progressive, allégée au début par quelques traits d’humour, avant que le film ne verse à la fin dans l’épouvante pure. Na Hong-jin remplit son objectif, qui est de faire peur et de déstabiliser son spectateur sur l’origine du mal (thème qui fascine nombre de cinéastes sud-coréens) qui contamine le village. Son film est très bien mis en scène, avec une belle utilisation du format scope (2.35:1) et une attention au détail qui sert le récit. Il culmine dans l’impressionnante scène d’exorcisme où le chaman tente, semble-t-il, d’extraire le démon du corps de la petite fille. Il est d’autant plus regrettable que l’on ait l’impression au terme du récit d’avoir été dupé par cette scène qui reposait sur un montage alterné mensonger opposant le chaman et le japonais. D’autant plus que toute la fin de The Strangers participe de cette entreprise de duperie, puisqu’elle consiste en une série de twists, de contrepieds, contraignant le spectateur à changer d’avis plusieurs fois sur l’identité du démon. A l’issue du film, celle-ci est parfaitement claire (aussi vieille que le monde : « le diable probablement« ), de même que le sentiment que j’ai éprouvé : The Strangers est un film sur le malin (dont la principale caractéristique est la tromperie), qui cherche à être plus malin que le spectateur et finit par trop en faire. L’idée qu’il y ait ici une cohérence entre cause et effet et que l’on est trompé de concert avec Kwak Do-won est une maigre consolation.

Les amateurs de références religieuses (le film s’ouvre d’ailleurs sur un verset de l’Evangile selon Saint Luc, celui où Jesus ressuscité affirme qu’il n’est pas fantôme puisqu’on peut le toucher) remarqueront que la métaphore dont use le film pour désigner l’activité du diable (celle d’un pêcheur jetant son fil à l’eau jusqu’à ce que la « victime morde à l’hameçon« , image qui ouvre le film) est le reflet inversé d’une parabole de Luc où Jesus exhorte l’apôtre Pierre (Simon) à jeter ses filets  de pêcheur pour devenir « pêcheur d’hommes » afin de répandre la Bonne Nouvelle. Dans les deux cas, le poisson attrapé figure l’homme, selon une vision dualiste du monde mettant dieu et diable sur le même plan. De même, à la fin du film, un personnage refuse de croire qu’un esprit bienveillant ou ressuscité veille sur lui alors même qu’il le touche (comme Jesus) tandis qu’en parallèle, un autre affirme croire au diable, chaque situation étant là aussi le reflet inversé de l’autre. Mais qu’on ne cherche pas ici de profondeur particulière, juste les armes de la tromperie et de la peur propres au genre de l’horreur, dont le film synthétise les courants (de même qu’il s’adosse à diverses religions et croyances qui toutes croient au malin) sans le dépasser. Reste que cela faisait longtemps que je n’avais pas vu de film d’horreur ou d’épouvante (je ne prise guère le genre – d’aucuns trouveront peut-être au film d’autres mérites) et que The Strangers, malgré ses longueurs, est un film impressionnant qui justifie sa raison d’être : faire peur.

Strum

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31 commentaires pour The Strangers (The Wailing) de Na Hong-jin : horreurs et démons en Corée du Sud

  1. princecranoir dit :

    Sans en nier l’efficacité, tu lui réfutes donc une certaine originalité. Comme tu l’as lu, c’est loin d’être mon sentiment. L’abus de montage mensonger est caractérisé certes, mais Na Hong-jin n’est qu’un lointain élève du maître en la matière, un certain Alfred Hitchcock. Quant à l’alliage des blasons invoqués (comédie, sorcellerie, cannibalisme, meurtres en série), il n’a pas à pâlir me semble-t-il devant ces grandes réussites que furent « memories of murder » ou « the host » (qui travaillait, en son temps, un autre genre de manière un peu sur similaire).

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    • Strum dit :

      Effectivement, j’ai eu l’impression de voir un bon, voire très bon, film d’horreur d’une ambition quasi-syncrétique dans son approche des différents courants du genre et son mélange des croyances, mais pas l’oeuvre d’un cinéaste créant un univers original et bien à lui, pas l’oeuvre d’un créateur dépassant un genre. Memories of Murder et The Host, pour moi, ce sont des films où l’on reconnait la patte et le ton particuliers de Bong Joon-ho, qui les inventent littéralement devant nous, lesquels transcendent l’intrigue. Devant The Host, j’étais ailleurs, dans le monde de Bong Joon-ho (c’est d’ailleurs ce que j’essaie de dire dans ma critique de The Host sur le site). Devant The Strangers, j’ai eu le sentiment de voir un film beaucoup plus balisé dans ses rebondissements et dans son ambiance.
      PS ajouté : jamais Hitchcock n’a été aussi loin dans la duperie que ce film en termes de découpage (à ma connaissance, il ne faisait pas de montage alterné comme le fait Na ici) et son approche du suspense reposait au contraire en général sur la connaissance préalable par le spectateur de ce qui allait advenir.

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    • Je suis de l’avis de princecranoir. Mais cela n’enlève rien à la qualité d’analyse de Strum !
      Finalement, The strangers est un film malin sur le Malin. Et même si la dernière demi-heure est un ton en dessous, cela n’enlève rien aux qualités du film, notamment la précision d’écriture du scénario.
      Mon avis : http://wp.me/p76O9B-gl

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  2. tinalakiller dit :

    J’ai l’impression que ton avis est un peu plus sévère que le mien mais dans l’ensemble nos avis se rejoignent. Comme toi, j’ai trouvé que c’était un très bon film, qui avait le mérite de faire peur, il passe assez vite mais il est pourtant trop long surtout qu’on reste parfois sur des petites zones d’ombre (même si je pense avoir restituer certains éléments mais je ne crois pas que ce soit le cas de tous les spectateurs) et surtout quand on a l’impression qu’il y a trois fins. Disons que son ambition ne lui permet pas pour moi d’être le chef-d’oeuvre qu’il aurait pu être.

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    • Strum dit :

      Oui, ce film très ambitieux dans sa volonté de synthétiser les divers genres du cinéma d’horreur et d’associer plusieurs religions qui partagent toutes le point commun de croire à l’existence du diable (de là sa longueur et ses fins successives) ne dépasse pas quant au résultat les limites du genre de l’horreur (et dans le registre du film sur satan, Rosemary’s baby de Polanski me parait nettement supérieur sans montrer une goutte de sang). Mais ça reste un film impressionnant.

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  3. 100tinelle dit :

    Bonjour Strum,

    J’aimerais beaucoup voir ce film, mais il n’est pas encore sorti sur nos grands écrans (si jamais il sort). En attendant, je pense me rabattre prochainement sur ses deux précédents films, The Chaser et The Murderer, qui eux sont disponibles en VOD. Histoire de découvrir ce réalisateur, qui me semble très intéressant !

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    • Strum dit :

      Bonjour Sentinelle, je n’ai pas vu les deux précédents films du réalisateur, mais je préfère te prévenir au cas où tu serais sensible à la violence au cinéma comme moi : on m’a averti qu’ils étaient très violents (plus que The Strangers). Du coup, connaissant le jusqu’au boutisme des cinéastes coréens dans la violence graphique, j’hésite pour ma part à les voir 😉 As-tu vu les deux films de Bong Joon-ho que j’ai cités ? Memories of murder et The Host ? Ca, c’est formidable et plus dans mes cordes question violence.

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      • 100tinelle dit :

        Merci du conseil Strum ! J’ai du mal effectivement avec la violence, mais parfois j’arrive à dépasser mes appréhensions et je fais de très intéressantes découvertes, comme avec le réalisateur Park Chan-wook par exemple. J’ai aimé aussi les premiers films de Nicolas Winding Refn, qui ne faisait pas dans la dentelle non plus (Pusher, Le Guerrier silencieux, Drive). Mais cela me demande un effort sur moi-même, c’est certain.

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        • 100tinelle dit :

          Je n’ai pas vu Memories of murder et The Host de Bong Joon-ho mais je les note !

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        • Strum dit :

          Ah, alors si tu peux voir du Park (Old Boy, beurk !) et du Refn, que je n’aime pas beaucoup, je pense que tu supportes mieux la violence que moi. 😉

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          • Disons que j’étais une jeune adolescente dans les années 80, qui voyait les films de son époque, dont de nombreux slashers et autres films d’horreur comme les Evil Dead, Jason, Freddy, Hellraiser, sans oublier les films de George A. Romero ou de Dario Argento. Ceci dit, je crois que je suis devenue beaucoup plus douillette qu’avant 😉

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            • Strum dit :

              Moi aussi, j’ai vu pas mal de films fantastiques adolescent, y compris les Argento, les Evil Dead, etc. Mais la violence dans ces films relevait plus du grand guignol, notamment avec l’usage obligatoire de prothèses. Aujourd’hui, avec les effets numériques et l’absence de limites du genre, on a des films mainstream dont la violence est plus difficilement supportable à mon avis – sans compter comme tu dis qu’on ne rajeunit pas. Mais on s’éloigne du sujet : pour revenir à The Strangers, cela fait peur, mais la violence du film reste tout à fait supportable. 🙂 Il me semble que le réalisateur a d’ailleurs à dessein diminuer le niveau de violence de ses précédents (The Chaser, The Murderer), mais il faudrait que quelqu’un qui les a vus vienne le confirmer.

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  4. 100tinelle dit :

    Je reprends notre conversation ici car bientôt nous allons nous retrouver avec deux mots par ligne 😉 Je suis tout à fait d’accord avec toi, et j’ai d’ailleurs bien du mal avec cette violence beaucoup plus réaliste qu’auparavant. J’ai vu hier soir The Murderer du réalisateur Na Hong-jin, qui est effectivement fort violent, je ne pense d’ailleurs pas te le conseiller. Il a un savoir-faire certain, les courses poursuites sont assez impressionnantes mais l’histoire est tout de même assez confuse par moment puis j’avoue que c’est fort éloigné de mon genre de prédilection. Je vais tout de même voir dans les jours prochains The Chaser, mais également The Host de Bong Joon-ho, qui je pense me plaire beaucoup plus. Je verrai The Strangers dès qu’il sera disponible et je reviendrai alors par ici pour t’en parler, histoire de comparer avec ses deux précédents films.

    Pour en revenir à Park Chan-wook, cela vaut la peine d’essayer de voir Lady Vengeance (j’en parle un peu sur mon blog) ou Stoker, qui ne sont pas mal du tout.

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    • Strum dit :

      The Host est un film de SF très original, avec un ton particulier. N’oublie pas aussi de voir Memories of Murder qui est un des grands polars des années 2000 ! 🙂 (effectivement, pas très pratique cette diminution de la largeur des réponses sur wordpress).

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  5. 2flicsamiami dit :

    Une critique qui tranche avec celle, largement plus enthousiaste, offerte par Prince sur son blog. Une tiédeur qu’avait également affichée Tina dans sa chronique.
    Je reste tout de même très intéressé par ce Strangers, ayant énormément apprécié The Chaser.

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    • Strum dit :

      Oui, n’hésite pas à y aller, le film reste à voir et je pense qu’il y a de bonnes chances qu’il te plaise. J’aimerais bien voir The Chaser, mais est-ce aussi violent que The Murderer que l’on dit très violent ? Je n’aime guère la violence gratuite au cinéma (cf notre discussion, Sentinelle et moi).

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      • 2flicsamiami dit :

        Je viens de lire votre conversation avec Sentinelle, découvrant par la même ton aversion pour la violence au cinéma. Je te déconseille donc The Chaser et The Murderer, bien que la violence dans ces deux films soit un peu plus supportable que dans I Saw The Devil de Kim Jee-Woon (que je te déconseille très fortement, pour le coup).

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  6. 2flicsamiami dit :

    Je n’ai pas vu le Old Boy coréen, uniquement sa version américaine. Ceci dit, je situerais The Chaser au dessus de Drive.

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  7. Kapalsky dit :

    Très pertinente critique, sans être le meilleur film de son auteur, « The Wailing » demeure tout de même un bel exemple de cinéma respectueux du genre qu’il investit.

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  8. Je passais par là et je suis tombé de fil en aiguille sur votre réaction sur les films que j’ai vue et revue et qui sont pour moi, des films excellents,cinéphile depuis les années 80, la violence est montrer dans tous films de ce genre, THE CHASER n’est pas plus violent qu’un Prédator, The murderer qui est autant génial n’est pas plus violent qu’un Réservoir dogs (remake du film chinois city on fire)(dont je vient de terminer un article), depuis que le roi James Cameroun nous à émerveillé avec Terminator 2 et aujourd’hui le constat est que beaucoup trop de films ont recours aux effet-spéciaux, car a part quelques un les bons films se font plus rare, et donc actuellement eux même se sachant en perte de vitesse, après avoir fais venir, Kim jee-woon et dont ils ont financé son dernier film THE ÂGE OF RAMPANT (la Warner) fait venir PARK CHAN-WOOK (STOCKER) dont la trilogie Sympathy for mr vengeance, Old Boy et Sympathy for ladie vengeance qui est pour moi l’une des meilleurs trilogie réalisé à travers ses habitant, au lieu de voir The Equalizer ou Jack Reacher qui lorgne sur la Corée, regardé donc A Bettersweet Life, A Dirty Carnival, Mademoiselle du même P.C-WOOK et si le coeur vous en dit venez voir mon blog pour voir quelques films que vous pourrez découvrir et aimé. Attention je regarde toujours le cinéma u-s mais les De Palma, Scorsese, Fuller, Coppola, Ferrara, Friedkin sans parler des plus grands acteurs irremplaçable ROBERT DE NIRO et AL PACINO ou est le cinéma u-s qui m’a fait devenir cinéphile? Même les films de super héros que l’ont rêver de voir un jour, ils mélangent les héros et oui je lisais déjà strange,spécial strange, nova,titans, etc……il y a plus de 35 ans, mais mon film de chevet est réaliser par un Italien bien connu en la personne de SERGIO LEONE et son chez d’oeuvre IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE.MON BLOG.
    CINEASIAMERICA.BLOGSPOT.COM

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    • Strum dit :

      Bonsoir et merci pour votre message. Il était une fois en Amérique est un film magnifique. S’agissant de la violence, encore faut-il qu’elle ne soit pas gratuite ou volontairement choquante, ce qui est souvent le cas chez Park – et Tarantino ne vaut guère mieux. Quant au cinéma US des grands studios, il est certain qu’il ne traverse pas une très bonne passe et que la révolution numérique n’a pas que des avantages.

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  9. Je reviendrais finir ce chapitre mais aujourd’hui la violence est partout est surtout gratuite, le grand visionnaire que à était STANLEY KUBRICK le montrait déjà en 1971 et pour les jeunes d’aujourd’hui la violence fait partie des meubles comme nous lorsque sont sorties des films tels que les Guerriers de la nuit, les Rues de Feu, ou encore Outsiders et Rusty James, on n’avaient à peine entre 17 et 20 et déjà cela se voyait. Celui qui ta recommandé I shaw of devil (J’ai rencontré le diable) est excellent mais très hard, ils ont couper 20 mn du métrage, tellement il passer par les -18 sinon mais a bien regarder la violence arrive à cause d’un sérial killer mais Kim jee-woon n’y vas pas par le dos de la cuillère et donc à la fin ont se demande qui et qui ! Lee byung-hun contre Choi min-sik vaut à lui tout seul le déplacement. ont parler tout à l’heure du cinéma u-s mais en ce moment, en Corée du sud, les plus grands films ont était fait et comme à Hong-Kong depuis un petit moment, ils tournent en rond, alors un nouveau cinéma va apparaître? Mais le 7°art est loin de nous avoir tout livrait.

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